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[GRECE].

Ruines du temple de Minerve Suniade.

Cap Sounion, 5 septembre 1846. Dessin original in-16 oblong (13,2 x 23,3 cm) à la mine de plomb, avec légende manuscrite à l’encre.

Vue du cap Sounion montrant des navires français et les ruines d’un temple grec. Le dessin, daté et signé «Ch. Lq.» dans l’angle inférieur droit, montre, au premier plan, des navires français, le Cerf, le Triton et le Cassini au mouillage près du cap Sounion, dans le sud de l’Attique (Grèce). D’autres navires, la plupart en train de naviguer, sont aussi représentés. Au second plan se trouve un immense promontoire rocheux sur lequel se dressent les ruines du temple. Celles-ci sont constituées de deux colonnades: la plus petite, au nord, semble contenir 4 colonnes et la plus grande, au sud, en contient 9. Anciennement désigné sous le nom de Minerve Suniade, le temple de Poséidon est un temple grec classique construit entre 444 et 440 av. J.-C. Etabli dans le style dorique, il domine la mer à l’extrémité du cap Sounion, à une hauteur de près de 60 mètres. Ses colonnes, initialement au nombre de 38, étaient faites de marbre blanc du Laurion. Ce n’est qu’en 1889, à la suite de la découverte d’une inscription, qu’on l’attribua à Poséidon, le dieu de la mer des anciens Grecs. Situés au premier plan, les trois navires français représentés appartenaient à la station du Levant commandée par le contre-amiral Louis Turpin (1790-1848). Le bâtiment le plus important, le Triton, était un vaisseau de 80 canons qui avait participé, en 1844, aux opérations contre le Maroc, notamment au bombardement de Tanger et au débarquement de Mogador. Le Cassini était une corvette à roues mise à flot en 1845 et qui sera utilisée en 1855 lors de la prise de la forteresse de Kinburn, pendant la guerre de Crimée. Quant au Cerf, il s’agissait d’un brig de 10 canons qui avait fait partie de la station du Brésil en 1841. Bon état de conservation. Roche, Dictionnaire des bâtiments de la flotte de guerre française, I, pp. 100 (Cassini), 105 (Cerf) et 447 (Triton).

[GRECE] — CHAIGNEAU (François Paul).

Lettre autographe signée à l’archéologue Raoul-Rochette.

Brig la Surprise, rade de Smyrne 18 septembre 1838. 7 pp. in-4 (27,2 x 20,5 cm) sur 2 feuilles doubles.

L’enlèvement des bas-reliefs du temple d’Assos (Turquie). Longue lettre du commandant de la Surprise, relatant le démontage des frises du temple d’Athéna à Assos, une ancienne cité grecque de la Troade située au nord-ouest de la Turquie actuelle, sur la mer Egée. Le début est consacré aux formalités nécessaires à leur enlèvement : réception du firman (ou décret) de la Porte, contact avec l’aga du village de Behram (Behramkale) où se trouve le site d’Assos, autorisation à demander au voïvode d’Aivagik (Ayvacik, province de Çanakkale). Puis l’auteur relate les difficultés de l’opération : « Vous savez […] combien est escarpé le pic sur lequel ils étaient situés et avec quelle difficulté on parvient à le gravir ; aussi a-t-il fallu à tout l’équipage du brig, la journée du 10 et une partie du lendemain pour y transporter trois jumelles de vaisseau et quelques espars. Pendant [ce temps], je m’occupai de reconnaître les bas-reliefs que nous avions vus ensemble, à les faire numéroter, et à tracer avec de la peinture sur les quartiers des rochers, la route qu’il nous faudrait frayer pour les descendre […]. Dans la journée du 11 nous avons mis la première pièce en mouvement. Le soir quatre de ces morceaux avaient franchi la pente la plus rapide du rocher d’Assos. Les Turcs rassemblés en grand nombre ne revenaient pas de leur extase… ». Chaigneau donne les noms des officiers qui ont dirigé les travaux : « Il a fallu six jours d’un travail assidu pour conduire au bord de mer les bas-reliefs d’Assos et près de deux pour les embarquer ». Au total, 18 sculptures furent prélevées : « Les bas-reliefs portant les n° 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 16, 17 et le chapiteau de colonne sont ceux que vous m’aves désignés ; ceux portant les n° 3, 10, 13, 14, 15 et 18 ont été trouvés par nous, et ceux portant les n° 1 et 2 ont été retirés de l’intérieur de maisons dans la construction desquelles ils entraient ». Il envoie à son correspondant, en même temps que la présente lettre, les dessins des bas-reliefs. Entré dans la Marine en 1823, François Paul Chaigneau (Lorient, 1808 - Toulon, 1874) fut nommé lieutenant de vaisseau en 1835. Il servit alors à la division du Levant et ramena, à bord de la Surprise, les bas-reliefs d’Assos donnés à Louis-Philippe par le sultan Mahmoud II. Capitaine de frégate en 1843, il effectua une expédition le long des côtes occidentales d’Afrique entre 1845 et 1848. Promu capitaine de vaisseau en 1850, il devint contre-amiral en 1861. Le destinataire de cette lettre, Désiré Raoul Rochette, dit Raoul-Rochette (Saint-Amand, 1790 - Paris, 1854), était un spécialiste de l’archéologie grecque et romaine. Conservateur du Cabinet des médailles à la Bibliothèque nationale, il était membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres ainsi que de l’Académie des beaux-arts. Auteur de nombreuses publications, il avait effectué plusieurs voyages, notamment en Italie, en Sicile et en Grèce. Les frises du temple d’Assos sont actuellement conservées au Musée du Louvre, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.